I
Infobésité
En France, on parlera plutôt de surcharge informationnelle, ou surinformation, mais le terme infobésité, forgé par nos cousins de la Belle Province, paraît plus fort car insistant sur la dimension pathologique que comporte ce phénomène.
Il y a surcharge informationnelle à partir du moment où un individu est confronté à une quantité d'informations supérieure à sa capacité de traitement, qu'il s'agisse d'un manque de temps, de capacité d'attention, d'analyse, de compréhension...
Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Surcharge_informationnelle) nous indique qu'il est fait mention de surcharge informationnelle dès l'Antiquité, ainsi Sénèque, au premier siècle, pour qui l’abondance des livres est présentée comme une cause de dispersion de l’attention. Puis Pétrarque, au XIVème siècle, regrettant de n'avoir pas le temps de lire tous les livres, et uniquement, pour certains, de n'en connaître que le titre... On se permettra tout de même de relativiser le constat, car être confronté à ce genre de situation supposait de savoir lire, et c'était loin d'être le cas pour tout le monde...
Le phénomène, dans son approche moderne, date des années 1960, mais s'est considérablement amplifié depuis la multiplication des supports numériques de production d'information, impactant aussi la très grande majorité de la population.
Quelques chiffres donnent le vertige :
- La production d’informations dans le Monde au début des années 2000 a été supérieure à l'ensemble de ce qui a été produit que depuis l’invention de l’imprimerie par Gutenberg;
- Depuis 2013, la masse d’informations disponibles double tous les deux ans;
- Chaque seconde, 29 000 Go d’informations sont publiées dans le monde;
- En 2017, 253 000 textos par seconde étaient envoyés alors que, dans le même temps, 60 000 recherches sur Google étaient effectuées tandis que chaque minute
Et tout cela ne prend même pas encore en compte l'arrivée des IA génératives, qui rajoutent un coup d'accélérateur...
Tout le monde n'a pas les mêmes seuils de tolérance vis-à-vis des flux d'information, et pour une même personne, selon les cas, le moment, la nature des informations reçues, ces seuils vont évoluer, mais ce qui est à peu près certain, c'est que nous avons tous été confrontés un jour à ce sentiment de ne plus pouvoir tout gérer, cette saturation qui peut, paradoxalement, s'accompagner d'une "cyber dépendance", et conduire, lorsque la situation s'aggrave, à du surmenage, voire un burn-out.
Accepter le fait qu'on ne pourra jamais traiter toutes les informations que l'on reçoit est déjà une bonne chose pour réduire les symptômes, de même que prioriser les informations, s'imposer des plages de déconnexion et a contrario planifier des plages pour le traitement... même si ce n'est pas toujours simple à mettre en œuvre et à maintenir dans le temps...
Paradoxalement, les outils numériques, générateurs de beaucoup de bruit, peuvent aussi aider : curation de contenus (identification de sources de contenus, tri des sujets les plus pertinents, et présentation sous forme d'une agrégation thématique sur un support web distinct des sources d'origine), meilleure utilisation des intranets, wikis internes ou plateformes collaboratives, en adaptant le volume et le canal d'information selon les besoins des personnes ciblées et en visant la production d'information à forte valeur ajoutée, identification plus fine des canaux pour éviter de la surcommunication... On comprendra aisément qu'il est nécessaire d'envisager à la fois des actions individuelles et collectives, car tout le monde y gagne à la fin...
Et pour en savoir plus sur la surcharge informationnelle, un passionnant article sur "l'effet cocktail" et nos capacités d'attention : Bonnes feuilles : « Apocalypse cognitive »
Notons enfin que l'infobésité ne concerna pas que les utilisateurs, les êtres humains, mais également les machines : une donnée sauvegardée sur le cloud n'a pas forcément besoin d'être également stockée sur un serveur local, lui-même répliqué... Sans parler des N copies d'un même fichier qui sera à la fois sur le serveur de messagerie, et dans les archives mail de tous les destinataires (y compris ceux en copie), sachant que l'original se trouve lui-même sur un partage réseau et qu'il existe des solutions simples de partage...
Instance
Attention, polysémie en vue ! Voilà un mot dont le sens va LARGEMENT dépendre du contexte dans lequel il est utilisé. Si d'aventure, vous êtes chef de produit pour la DAJ et que vous croisez un juriste dans un comité de pilotage où seront évoqués environnements de pré-prod et de prod, vous cochez toutes les cases du combo gagnant et c'est la plongée assurée dans un vortex sémantique...
Commençons par le cas que, espérons, vous serez amenés à rencontrer le plus rarement possible : en droit, une instance désigne l'ensemble des étapes du déroulement de la procédure, civile ou pénale, depuis le dépôt de la demande jusqu'au jugement.
Dans le domaine informatique, il pourra prendre le sens de groupement d'acteurs ayant à prendre en charge le pilotage d'un projet, et les décisions y afférant selon le périmètre défini : ainsi, comité technique, de pilotage ou de projet sont des instances de pilotage dudit projet.
MAIS d'un point de vue technique, instance prend une tout autre signification. En effet, dans le cas de la programmation dite orientée objet, une instance d'une classe est un objet avec un comportement correspondant à cette classe et un état initial (source Wikipedia). Par analogie, dans le monde du cloud computing, il s'agira d'une ressource serveur fournie par des services cloud tiers.
Votre fournisseur cloud, c'est un peu le loueur de vélos en bas de chez vous : il propose des modèles (gabarits), vous choisissez celui qui vous semble le plus adapté l'usage que vous voulez en faire, avec éventuellement quelques options en plus, et vous le rendez au loueur à la fin.
Et quoi de mieux que le cloud Eco pour répondre à vos besoins, me direz-vous ? ;)